"Qu’est-ce qui séduit dans les nouveaux objets de consommation-communication (ordinateur, magnétoscope, fax, internet, téléphone mobile, four à micro-ondes) si ce n’est leur capacité à ouvrir de nouveaux espaces d’indépendance personnelle, à alléger les pesanteurs de l’espace-temps ? … Quelque chose comme une volonté de puissance ?"
Cet "alien" pas forcément sympathique, dont Gilles Lipovetsky nous propose la radiographie dans "Le bonheur paradoxal", nous avons tôt-fait de le reconnaître : il est nous, nous nous reconnaissons en cet homo consumericus, qui ne se contente plus comme naguère d’achats de type familial, semi-publics, mais investit de manière compulsive dans les biens relevant de l’hyperindividualisme. L’hyperconsommateur vit, sans s’en étonner, dans le paradoxe : il vénère le luxe en revendiquant la gratuité, il veut des marques au nom de sa singularité, il s’automutile dans la poursuite du bonheur, confondu avec le bien-être.
Tant de contradictions, prédisent-elles la chute de l’empire hypermoderne ? Gilles Lipovetsky ne détecte dans notre quotidien aucun signe avant-coureur d’un tel phénomène. Du moins à court terme.
Car nous avons appris que les civilisations sont mortelles, et que des prédateurs mal contenus finissent par détruire leur environnement,
Le catastrophisme n’est pas de mise tant que les démocraties continuent à bien résister. Cet optimisme raisonné a besoin, pour se soutenir, d’une nouvelle réflexion sur le concept de culture, ou pour dire autrement, d’un renforcement du lien social.
Monique Linglet : "Le bonheur paradoxal" : le titre de votre dernier livre est aussi élégant qu’énigmatique. A l’image de la philosophie peut-être ... Quelle est l’hypothèse de cet ouvrage ?
Gilles Lipovetsky : Nous vivons un nouveau stade des économies de consommation : La civilisation consumériste est née à la fin du XIXème siècle. Dans une première phase qui s’étend jusqu’à la première guerre mondiale s’inscrit l’invention des marques, de la publicité. Ce moment s’est caractérisé par une consommation de masse restée néanmoins restreinte : les couches inférieures n’y avaient pas accès.
M.L. Déjà la question du pouvoir d’achat.
G.L. La voiture relevait du luxe, la salle de bain n’était pas connue de tous les groupes sociaux. La société de consommation de masse proprement dite, née après la seconde guerre mondiale, correspond à peu près aux trente glorieuses. Elle se caractérise par la diffusion généralisée des emblèmes phares de l’époque ; la télévision, la machine à laver, les vacances sont accessibles au corps social dans son ensemble, tandis que la société développe une vision optimiste de l’avenir, sur fond de civilisation de type hédoniste. L’hypothèse, c’est que depuis la fin des années 70, nous sommes dans un troisième âge qui correspond à ce que j’ai appelé la société d’hyperconsommation. Nous sommes passés de l’individualisme à l’hyper-individualisme. Précédemment, la consommation la plus forte, celle des ménages, était semi-collective, d’une certaine manière. Dans la période du 3ème type, elle s’est centrée sur l’individu luimême. Les objets de la consommation en sont l’illustration la plus exemplaire.
M.L. La consommation de ces technologies n’est pas que solitaire ; en même temps qu’elle se généralise se développe aussi le mythe communautaire : les internautes formeraient une grande famille interactive.
G.L. Voici une nuance qui a son importance ; j’y reviendrai lorsque j’aurai fini de vous exposer mon argumentation.
M.L. Revenons donc à l’opposition consommation de masse/hyperconsommation.
G.L. Dans les années 70, il était difficile d’avoir le téléphone, mais finalement, il y en avait un pour la famille. Aujourd’hui, chacun a le sien, même les enfants. Un processus d’hyper-technologisation centré sur l’individu favorise une désynchronisation des pratiques du consommateur qui n’a plus à se soucier des heures d’ouverture des boutiques. On était naguère rivé à heure fixe à la télévision, aujourd’hui on podcaste, on est délinéarisé dans l’acte de consommation qui s’émancipe des programmes imposés. Cette nouvelle donne est au service d’un individualisme exacerbé.
M.L. Cette émancipation des consignes collectives n’a pourtant pas marqué le monde du travail. Globalement, on continue d’avoir une activité régulière, dans un lieu donné, avec ses collègues. L’entreprise physique est toujours solidement en place.
G.L. Cette deuxième objection que vous me faites renvoie à l’idée que certaines entreprises ont besoin du concept de communauté, ou d’adhésion à leurs objectifs. L’argument n’est pas sans pertinence mais il n’est pas tout à fait dans le cadre de mon propos, qui est la consommation.
On voit effectivement se constituer des tribus de consommateurs. Mais s’agit-il véritablement d’une contre tendance ? Je n’en crois rien. Ces communautés n’ont rien de réel, elles sont extraordinairement mobiles. Un groupe d’internautes qui s’est constitué pour parler des dernières publicités, d’achats groupés, du dernier film ou des mérites d’une technologie récente n’a pas d’autre point commun que ce sujet même. C’est vous qui allez dans cette communauté, ce n’est pas elle qui vous englobe.
M.L. C’est une communauté sans lien.
G.L. Le lien existe, mais il est strictement utilitaire, contrairement au groupe traditionnel. L’idée de tribalisme rendu possible par le high-tech ne vaut que sur le plan descriptif, aucunement sur le fond. Les nouvelles technologies ont un rôle majeur dans cette transformation.
Deuxième point essentiel, de nature socioculturelle : l’érosion des cultures de classe. Longtemps les groupes sociaux ont exercé une pression sur les consommateurs. Une femme bourgeoise ne devait pas s’habiller en confection. A l’inverse, les milieux populaires se moquaient du "chic" et de l’ostentation. Les classes demeurent, mais pas les cultures associées. Une femme raffinée n’hésite pas à acheter chez Zara, et les plus défavorisés se sentent concernés par les marques et le luxe. Pour l’hyper-consommateur, les anciennes barrières sont tombées. Le client aujourd’hui imprévisible, difficile à cerner, ce qu’attestent toutes les études de marketing.
Troisième trait fondamental : longtemps la consommation a été distinctive, et obéissait à des logiques de compétition honorifique, stratégique, symbolique, qui aimantaient la dynamique d’achat. Ces motivations sont en perte de vitesse ; les biens se sont diffusés très largement. L’achat d’un téléphone portable ne saurait plus s’analyser en termes de distinction de classe : on veut cet objet pour être informé, pour communiquer, pour se distraire. En conséquence, on assiste à la montée d’une consommation émotionnelle ou expérientielle et au recul de l’honorifique.
Quatrième aspect : l’invasion des marques. Elles existent bien depuis la fin du 19ème siècle, mais nous assistons à la montée en puissance de leur logique, leur identité, et de leur impact sur l’imaginaire des consommateurs. Il était hier important d’être à la mode ; aujourd’hui, il faut acheter une marque.
M.L. Y a-t-il à cela une explication ?
G.L. Il en existe plusieurs. La première, c’est que les logiques esthétiques et de mode se sont totalement balkanisées. Comme il n’y a plus non plus de culture de classe, la marque vient remplir le vide. Ce qui constitue presque une contradiction avec la dynamique d’individualisation. En fait, plus les individus veulent se gouverner eux-mêmes, plus ils sont fascinés par les marques. En même temps, survient la parole sur elles, notamment par l’intermédiaire d’internet. Le nouveau consommateur s’informe, compare les prix et parle des marques.
M.L. Il assure aussi gratuitement la publicité des marques, alors qu’auparavant on payait des hommes sandwichs.
G.L. Toutes les marques intègrent aujourd’hui cette notion d’interactivité. Les marques ne sont plus les seules émettrices de messages.
M.L. Cet engouement ne se fait-il pas au détriment du lien social ?
G.L. Le lien social est malmené par beaucoup de choses ! Naguère, on désignait comme coupable la télévision, ce qui n’est pas faux. Mais il faudrait aussi parler de la désagrégation des traditions, et des forces d’intégration de la religion, de l’érosion de la culture politique. Les causes sont nombreuses et n’empêchent pas d’ailleurs la recomposition de ce lien au travers d’associations.
M.L. Par le biais d’internet renaît aussi un certain sens de l’esprit de groupe.
G.L. Oui, mais s’agit-il toujours de socialité ?
M.L. Il existe des blogs très dynamiques qui fédèrent des individus mus par un intérêt dominant ; ne serait-ce par du lien, à votre sens ?
G.L. Si, c’est une forme de lien. Peut-être même pendra-t-il une importance accrue dans l’avenir. En tout cas, je ne crois pas que cet échange puisse se substituer à la rencontre réelle. Sinon, on comprend mal pourquoi tant de personnes souffrent de solitude.
M.L. Cette idée de remplacer une rencontre physique par un entretien assuré par des techniques de communication me remémore une information lue sur un blog justement, celui d’Eolas, cet avocat anonyme qui réagit sur l’actualité du droit. J’ai donc appris que les policiers s’organisaient pour refuser d’assurer la présentation des détenus au juge, sous prétexte que cette prestation ne survenait pas à la demande du ministère de l’Intérieur mais à celle de celui de la justice. Or, ce dernier est notoirement impécunieux. Si bien qu’il serait envisagé de remplacer la confrontation concrète par une vidéo conférence. Ces deux modalités de dialogue ne vous semble-t-elle pas de nature assez différente ?
G.L. Je ne suis pas absolument choqué a priori. Les circonstances doivent être prises en compte. Ecoutez : il se pratique des opérations chirurgicales à distance.
M.L. Certes, mais ici, il s’agit d’autre chose que de la perfection du geste : on perd par exemple la dimension psychologique qui a ici grande importance.
G.L. Ce n’est pas sûr. Lorsque vous passez à la télé, vous êtes plus ému que lors d’une rencontre réelle. Un SMS peut vous donner beaucoup de bonheur ou de malheur. Il ne faut être ni dans l’admiration ni dans la diabolisation de ce qui substitue le numérique au réel. On a beaucoup dit que le livre électronique était la mort du livre ; or, il n’en est rien. Je ne demanderais pas mieux que de partir en vacances en emmenant l’enregistrement des centaines de livres qui envahissent mon bureau. J’ai été long à me mettre à l’internet, non pas par philosophie, mais parce qu’il s’agit d’une pratique qu’il faut apprendre à maîtriser. Mais aujourd’hui, j’utilise constamment cet outil magnifique.
M.L. Il a été observé que les campagnes politiques se sont largement appuyées sur internet. Celle d’Obama est exemplaire à cet égard.
G.L. Ségolène Royal aussi a essayé de le faire, avec moins de fortune, certes. Ce qui signifie que la prétendue dépolitisation qui accompagne la société d’hyperconsommation a elle aussi des limites. Les citoyens montrent qu’ils sont capables de se mobiliser, et notamment à travers les blogs et toutes les facilités qu’offre internet.
M.L. Les technologies vont peut-être favoriser un nouveau type de citoyenneté. Il existe par exemple beaucoup de pétitions en ligne.
G.L. Mais oui. La désertion civique ne s’est pas généralisée. C’est la face positive de l’individualisation induite par le numérique.
M.L. Votre vision générale de nos temps modernes me paraît finalement marquée par l’optimisme.
G.L. Oui. Cet optimisme ne tient pas spécifiquement aux nouvelles technologies, je ne suis pas un scientiste, je ne suis pas un chantre des techniques. En fait, j’observe que notre société est certes fragile (et "la crise" illustre bien ce constat), mais qu’elle réagit plus vite qu’autrefois et que les idéologies y sont moins autoritaires. Les démocraties résistent bien, ce qui autorise un certain optimisme. Mais celui-ci ne doit pas masquer quelques aspects néfastes, comme l’excès des logiques consommatoires. Il reste que j’ai écrit ce livre pour dire qu’il ne fallait pas diaboliser la consommation qui apporte beaucoup de choses, le bien-être, la longévité, l’information.
M.L. Sous bien des aspects, la vie est plus gaie.
G.L. Gaie ? Sur ce mot, on peut discuter. Si on prend en compte de nombreux indices, la "gaieté" de vivre, pour reprendre votre expression, pose de nombreux problèmes. Avant la guerre, on chantait "Y’a de la joie !". On en est bien loin aujourd’hui. La musique punk, le rap sont tristes. Le dur a remplacé le gai : notre monde est dur, mais les signes qui en émanent sont gais.
Le fun, les magazines, les voyages, tout cela est gai.
M.L. Je ne pensais pas à cela en utilisant l’adjectif incriminé. J’évoquais plutôt le recul de l’accablement lié à un certain isolement.
G.L. Mais jamais les gens n’ont été aussi seuls. Autrefois, dans un mode villageois, le problème n’était pas la solitude. Toute la famille vivait ensemble, même si elle était traversée de haines terribles.
M.L. Quelles perspectives pouvait avoir une villageoise malade, vieillissant au fond de sa province ? Aujourd’hui, cette personne est reliée, grâce à internet, aux débats les plus intenses de l’époque.
G.L. Ni la télé, ni l’ordinateur ne remplissent la vie. Non : il faut soutenir les paradoxes de l’époque, comme l’indique le titre de mon livre. La culture dans laquelle nous baignons est joyeuse, euphorique, hédonistique. Mais la réalité est tout autre : la montée des dépressions, des tentatives de suicide, de la consommation de psychotropes. Les gens sont anxieux faute de certitudes face à l’avenir.
D’une part, le progrès n’est plus présenté comme allant de soi. D’autre part, l’information qui nous vient de toute part engendre des inquiétudes. L’alimentation devient ainsi problématique : ce que je mange est susceptible de favoriser le cholestérol, le cancer, l’obésité.
Nos sociétés sont apparemment heureuses, mais à l’observation, c’est beaucoup moins vrai. A l’occasion de sondages, les Européens déclarent massivement qu’ils connaissent le bonheur ; ils ne cessent pourtant d’évoquer leurs malaises, leur mal-être.
M.L. Il n’est pas gratifiant de reconnaître : "Je ne suis pas heureux".
G.L. Un tel aveu aggraverait votre cas. Disons donc que l’individualisation et l’hyperconsommation ne doivent pas être confondus avec le bonheur, sans qu’ils soient par ailleurs assimilables à l’apocalypse.
M.L. Le substantif de votre titre, c’est tout de même "le bonheur".
G.L. Mais "paradoxal", il ne faut pas couper le titre. La consommation procure des satisfactions, jamais nous n’avons eu l’occasion d’en avoir autant, multiples, répétées. Nous pouvons sortir chaque soir, pour satisfaire à chaque fois des envies diverses. Mais il est possible d’être malheureux comme une pierre au cinéma. Il arrive même qu’on aille au cinéma parce qu’on est malheureux : il est classique de tenter de compenser en consommant ; nombreux sont ceux qui prennent la consommation pour une thérapeutique ; le bonheur ne se trouve pas comme cela.
M.L. Il faudrait vivre dans la superficialité pour le croire.
G.L. Le bonheur se trouve en faisant des choses que l’on aime en accord avec soimême. Nous nous sentons alors dynamiques, avec des perspectives et le sentiment d’être aimé et d’aimer. Les objets ne comblent pas le vide.
M.L. Vous n’êtes finalement pas si optimiste que cela.
G.L. Je suis optimiste sur la capacité qu’ont les démocraties à relever les défis, sur le fait que la société offre aux gens des possibilités de rebond. Mais ces perspectives ne sauraient occulter le constat d’une certaine impasse qui tient à ce que la consommation a pris trop de place. Elle ne saurait être un but en soi, sauf à inverser les valeurs.
M.L. La société s’en trouverait fragilisée.
G.L. Elle l’est à l’évidence, notamment dans sa partie jeune. La frénésie d’hyper consommation ne pourra pas durer éternellement, ne serait-ce que de par son impact sur la nature. Il faudra trouver des processus qui permettent de préserver les grands équilibres naturels. Et chacun reconnaît aisément qu’il est important de se donner des idéaux qui dépassent le bien-être. C’est ainsi que la plupart des parents admettent très vite qu’il n’est pas sain que leurs enfants restent plusieurs heures devant la télévision. D’où le rôle de l’école. Il lui revient de prendre en compte les nouveaux potentiels de la technologie tout en mettant en œuvre une véritable réforme intellectuelle qui conduise à la créativité et non pas à l’envie de consommer des marques. Il n’est pas question ici de morale, mais du goût de faire les choses qui remet l’activité de consommation à sa place, qui est moindre.
M.L. Mais le discours public contribue lui-même au brouillage : une voix qui nous vient d’en haut répète depuis des années qu’il faut que la France rattrape son "retard" (par rapport à qui ?) et lutte contre la "fracture numérique", c’est-à-dire incite les classes populaires à consommer toujours plus de technologies de l’information, sans lesquelles elles resteraient "sur le bord du chemin".
G.L. Bien sûr, ce discours a un impact direct sur la consommation ! Mais il est vrai qu’on ne voit pas trop comment les Français pourraient affronter l’avenir en se passant de l’apprentissage de la manipulation d’un ordinateur.
M.L. Voilà.
G.L. C’est dire l’impasse dans laquelle on se trouve. D’un côté, la fuite en avant dans la consommation est un désastre pour la planète, et en même temps sont prises des mesures de relance, pour conjurer le chômage et la crise.
M.L. Des injonctions contradictoires, "paradoxales".
G.L. Exactement
M.L. Le livre est-il votre dernier ouvrage paru ?
G.L. Pas du tout ! En octobre 2008 a été publié chez Odile Jacob "La culture monde-Réponse à une société désorientée". Et l’année précédente, paraissait "L’écran global-culture-médias et cinéma à l’âge hypermoderne" aux Editions du Seuil. Ces deux livres ont été écrits en collaboration avec Jean Serroy.
M.L. Voudriez-vous vous les présenter ?
G.L. L’écran global se fonde sur le constat d’un phénomène hypermoderne : nous sommes dans le temps de la prolifération des écrans qui envahissent des champs existentiels où ils n’avaient rien à faire voici peu. Ainsi ont-ils colonisé nos univers, de la télésurveillance à l’iPod, de l’échographie à internet, du téléphone portable au GPS. Cette consécration du tout écran est concomitante avec le recul de la place du cinéma, ce symbole de l’écran. Mais paradoxalement, au moment où le premier art moderne perd sa centralité, il impose sa vision, sa logique, il reprofile l’univers de l’écran partout, si bien que les caractéristiques du ciné marquent des secteurs qui lui semblaient étrangers, comme le luxe, le sport, la publicité, les arts visuels... l’hyperconsommateur a pris la ciné-attitude.
M.L. La culture elle-même fait sa star ...
G.L. La culture ne se réduit plus au petit monde de l’art ; elle est devenue un complexe où cohabitent le marché, la technologie, l’individualisme, le consumérisme et les industries culturelles, un ensemble devenu planétaire. Elle ne fait pas entièrement disparaître les cultures traditionnelles mais les restructure complètement.
M.L. Comme la "Toile", qui recouvre toutes sortes de choses sans nécessairement les faire disparaître.
G.L. Si vous voulez, mais cela peut se dire aussi du capitalisme et de l’individualisme qui progresse considérablement, même dans les pays musulmans : la consommation est aussi devenue un idéal pour toute la planète.
Il faut reconstruire le concept de culture à l’heure d’internet et du capitalisme globalisé. C’est ce que j’ai voulu indiquer dans mon dernier essai "La culture-monde".
Propos recueillis par Monique LINGLET