LA GUERRE DE LA GPL N’AURA PAS LIEU
Free n’a pas l’habitude de se voir dicter sa conduite. Ce serait plutôt lui qui donnerait le la, en matière de tarifs ou d’offres. Une fois n’est pas coutume, il a été obligé de plier face à la ténacité de trois développeurs de solutions sous GNU/GPL, soutenus par la Free Software Foundation France. Après cinq ans d’un litige portant sur la divulgation des sources de la Freebox, un accord a été conclu en juillet dernier. Free n’a fait aucune publicité sur cette transaction. Il a cependant révisé ses conditions générales de vente de manière à être conforme à la licence GPL et a mis en ligne un site dédié donnant accès aux codes sources complets et correspondants.
Après le blocage des pourparlers débutés en 2006, l’auteur du code de Netfilter dans le noyau Linux et les deux développeurs de la boîte à outils Unix BusyBox ont assigné Free pour manquement au devoir d’information et d’accès aux sources liées à l’utilisation du logiciel sous GPL. Si les deux camps sont « free », ils n’ont pas la même interprétation des licences libres. Free refuse catégoriquement de disséminer le code source considérant que l’obligation de divulgation ne le concerne pas puisque, selon lui, il n’y a pas de distribution. « Free ne vend pas la Freebox, elle est la propriété de Free, c’est un élément de terminaison réseau de Free, les sources n’ont pas à être fournies ». Mais pour le président de la FSF France, les obligations de la licence GPL sont liées à la distribution du logiciel, que l’on en fasse ou non commerce. Qui a raison ? Le procès n’aura pas lieu, ce qui nous privera de l’interprétation du juge sur une licence qui concerne cependant des milliers d’utilisateurs.
Mais Free ne lâche pas complètement le morceau. L’utilisateur ne peut pas modifier le code source et le réinstaller sur la Freebox. Elle est « tivoïsée », à savoir qu’un système électronique empêche l’utilisation d’un firmware modifié. Cette pratique n’est pas prohibée par la GPL v2, licence sous l’empire de laquelle les logiciels en question sont placés. Pour éviter ce contournement de la liberté de modification pratiqué par de nombreuses entreprises, la FSF France conseille aux programmeurs de choisir la GPL v3. Cette version prévoit que la modification du logiciel ne doit pas conduire au dysfonctionnement de l’appareil.
Free était le dernier des grands fournisseurs d’accès à ne pas mettre ses sources à disposition. Il se rallie à la norme ; une fois n’est pas coutume.